Une discussion mère/fille.

Debout de bonne heure, de très bonne heure mesme. Il en était ainsi depuis cette guerre. Peu de repos par manque de temps et surtout par tous les soins qu’il fallait prodiguer, veiller les blessés, organiser... enfin le rituel quotidien en temps de guerre.

J’avais pensé pouvoir récupérer un peu au domaine, pouvoir dormir plus longuement mais rien n’y faisait, et alors qu’il ne faisait pas encore jour, je tournais déjà en rond dans ma chambre.

Vêtue telle que je l’étais déjà depuis des semaines, tenue qui n’avait plus rien à voir du temps de mon mandat de comtesse, c’est donc avec braies, chemise, cuissardes que je descendais aux cuisines. Personne n’était encore présent et en profitais pour prendre tranquillement le petit déjeuner avant de sortir faire quelques pas dans le parc. J’avais sans doute le temps avant que Clémence ne vienne. Il nous fallait nous retrouver et aussi que nous discutions un peu toutes les deux. Je craignais un peu ce moment. Crainte que cela se passe mal, mais j’osais espérer le contraire.

Le jour était levé et à l’est on voyait le soleil se poindre. Une belle journée s’annonçait alors que mes pensées s’en allaient à des lieues et de lieues de cet endroit paisible. Que se passait-il là bas ? qui était tombé ? comment se portaient-ils tous ? et toi ? surtout toi qui me manquait et dont la peur au ventre qu’il t’arrive quelque chose ne me quittait pas.

Et tous ces corps sur le champ de bataille qui me revenaient souvent. Jamais, jamais auparavant je n’avais vécue la guerre et mesme si je savais ce que c’était, la vivre personnellement n’est rien comparé à ce qu’on peut raconter c’est bien pire encore, cela vous marque à vie et vous change.

Ainsi perdue dans mes pensées la voix de ma fille se faisait entendre. Tournant ma teste en sa direction je la regardais et lui souriais. Tient elle était vêtue comme moi, mais bien dignement il fallait le reconnaitre

Bonjour Clémence… ça va j’ai pas trop mal dormi…

Je n’allais pas lui révéler que le sommeil et moi étions presque comme des ennemis depuis un bon moment. Je ne voulais nullement qu’elle s’inquiète et encore moins quand sa petite main venait rejoindre la mienne

Ce que j’ai prévu ? et bien je nous ai fais préparer les chevaux…. Une promenade nous fera du bien et les chevaux apprécieront cette sortie

Déposant l’azur dans celui de ma fille, je lui serrais la main

Je vois que tu avais songé à cette possibilité, la robe est restée dans l’armoire… donc si tu es prête nous pouvons nous rendre aux écuries qu'en dis-tu ?

Heureuse de voir que cette petite escapade était au goût de Clémence, elle commençait à s'y diriger et alors que j'allais en faire de mesme, son visage perdait son joli sourire pour laisser place à une inquiétude.

Un petit soupir, un léger hochement négatif de la teste et décidais de ne pas lui laisser terminer sa phrase avec le sourire

Clémence... mesme pas la peine de discuter... j'ai envie de faire cette promenade et nous la ferons. J'ai pu venir de Provence à cheval ce n'est pas une heure ou deux qui me feront du mal... et dans un petit rire .... discussion close ma fille...

Et de l'entrainer vers les écuries